7 processus pour un seul geste
L’outil essentiel de l’accompagnement par le dessin, c’est la « reformulation dessinée ». Que cette reformulation prenne la forme d’une esquisse réalisée en direct, d’une fresque miroir, ou d’une bande dessinée, que l’on parle de sketchnote, de facilitation graphique ou de scribing, la démarche reste globalement la même. Elle inclut sept processus. Si la reformulation doit être réalisée sur le vif, pendant un événement, le dessinateur doit gérer tous les processus en même temps. C’est le cas le plus difficile. Mais les mêmes étapes doivent être parcourues pour un dessin en différé. Le dessinateur peut simplement prendre le temps d’aller au bout de chaque processus avant de passer au suivant.
- Écouter
Tout commence par l’écoute. Un accompagnant par le dessin vise à devenir aussi transparent que possible pour ne pas déformer ce qu’il entend. Ceci suppose une qualité de réceptivité très particulière, qui peut s’affiner à l’infini, comme l’oreille d’un thérapeute.
- Extraire
Dans la masse des informations entendues, il s’agit de sélectionner les éléments clés, les interventions à forte valeur ajoutée et d’éliminer toutes les redondances ou débats secondaires. Ceci suppose une compréhension fine des échanges et un effort de concentration bien supérieur, souvent, à celui des participants eux-mêmes.
- Modéliser
Pour produire une synthèse, il ne suffit pas d’énumérer des idées clés. Le des sinateur doit com prendre les relations entre ces idées, caractériser leurs articulations, leurs proximités et leurs oppositions. Il passera ainsi d’une liste de points clés à un schéma synthétique.
- Transposer
C’est l’étape qui per mettra de ne pas seulement noter des mots saisis au vol, mais de les accom pagner de dessins apportant une valeur ajoutée. Il s’agit de déplacer les messages dans un registre visuel, symbolique, par une métaphore immédiatement compréhensible. Par exemple : « Libérer les énergies » (idée abstraite qu’on ne peut dessiner) deviendra « Briser ses chaînes ». Ce détour par l’analogie est un aspect essentiel de l’apport du dessinateur, même si ce processus n’est pas encore graphique : on trouve l’idée du dessin, avant d’imaginer le dessin lui-même.
- Mettre en scène
Chaque illustration dessinée donne lieu à une petite mise en scène. Dans quelle position placer les personnages, les décors, les textes, pour les rendre expressifs et lisibles ? C’est un travail d’artiste dessinateur, indispensable pour aboutir à une image impactante.
- Composer
Chaque idée enten due et sélectionnée donne lieu à une modélisation, une transposition, une mise en scène. L’accompagnant par le dessin doit ensuite rassembler tous ces éléments dans une production cohérente, que ce soit une fresque, une bande dessinée, un dessin animé artisanal. Seul le dessinateur d’humour se passe de cette étape et livre des dessins isolés les uns des autres. Dans le cas d’une production de fresque en direct (facilitation graphique), le dessinateur doit, très tôt dans la séance, faire un choix pour la composition générale de son tableau, sans encore connaître la suite des échanges qu’il devra reformuler. Il y a une prise de risque dans cette étape. Elle est déterminante pour le succès. Cette composition repose sur le contenu du sujet, mais aussi sur une conscience précise du temps dont le dessinateur dispose. À la fin de l’échange, il doit avoir rempli les panneaux prévus, ni plus ni moins. Il dispose d’un grand nombre de compositions types auxquelles se référer.
- Tracer
C’est la partie visible de toute la démarche. Et ce n’est, on l’aura compris, que l’aspect émergeant d’un iceberg mental très riche qui occupe tout le champ de conscience d’un accompagnant par le dessin. Pendant qu’il trace, celui-ci doit en effet et continuer à « écouter », « extraire », «modéliser », « transposer », « composer » et « mettre en scène » toutes les nouvelles informations qu’il reçoit. Un solide savoir-faire graphique est du coup indispensable, puisque la main doit réaliser le dessin d’une façon quasi automatique. On dit qu’un musicien ne peut mobiliser sur scène que 60 % de ses capacités réelles. Une loi similaire s’applique certainement au dessinateur s’exposant à dessiner en direct.
Adapté de « PENSER, DESSINER, REVELER – Toutes les méthodes pour accompagner les idées, les équipes et la vie par le dessin », Etienne Appert – Editions Eyrolles
Suite à votre conférence du sommet sur la pensée visuelle, que je viens de voir en replay, je serais très intéressée svp de recevoir les 7 posters proposés. Merci infiniment d’avoir partagé votre vécu (l’Incalculable !) et les 3 étapes pour se projeter vers le sommet.
Merci !!! Cordialement
Oriane Lafon