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3 niveaux d’accompagnement par le dessin

Quelles sont les qualifications nécessaires pour accompagner par le dessin ? Avez-vous, en particulier, besoin de savoir dessiner pour vous lancer ? Pour répondre précisément à ces questions, il faut bien distinguer les niveaux de pratique, sans élitisme ni démagogie. L’exercice n’est pas facile, si on tente une présentation qui tienne compte des points de vue très variés des acteurs actuels de ce métier. Chacun admettra le principe général : on peut, comme partout, distinguer trois niveaux. Le premier concerne les débutants, vous pouvez l’acquérir avec quelques jours de formation, un peu de lecture, un peu de pratique. En lui-même déjà passionnant et potentiellement très utile, il correspond à la compétence de base que les entreprises peuvent internaliser assez facilement, en envoyant en formation des facilitateurs, formateurs et managers, qui ajouteront ainsi une compétence « visuelle » à leur vaste panoplie d’outils d’animation. L’air de rien, la diffusion large de ce premier niveau de compétence constitue en soi une révolution culturelle dans un monde où la pratique quotidienne et populaire du dessin avait quasiment disparu !

Le deuxième niveau serait celui des professionnels du métier : ceux dont la compétence avancée justifie des honoraires suffisants pour vivre décemment de cette pratique. Le troisième niveau serait celui des « avant-gardistes ». Une population très expérimentée et passionnée qui invente les modalités du futur.

Ce découpage, en lui-même, pourrait faire consensus. Les ennuis commencent quand on cherche à préciser son contenu : quelles sont exactement les qualifications attendues au niveau 2 ? Il semble impossible de mettre d’accord tous les professionnels actuels autour d’une liste précise de compétences.

Je suggère quelques directions : au second niveau, la valeur ajoutée par le dessinateur justifie une rémunération décente. Cela signifie que ses dessins doivent contribuer d’une façon significative au processus accompagné. Distraire ou décorer ne suffit plus, même si, en surface, cela peut satisfaire un public. Les dessins sont supposés déclencher des prises de conscience chez les participants accompagnés. A ce stade, un minimum de maîtrise du dessin devient nécessaire, pour devenir capable de donner à des idées abstraites un poids, un volume, une puissance énergétique. Mais le plus important est probablement la capacité à produire des synthèses à forte valeur ajoutée, dans lesquelles les aspérités ne sont pas gommées mais révélées.

Le troisième niveau serait celui d’un praticien qui prend soudain la mesure de son art. Ce que manipule un accompagnant par le dessin, ce sont des représentations mentales, autrement dit une couche profonde de la psyché, tissée de symboles aux significations multiples, obscures, entrelacées, ambigües. Produire une image dans un contexte d’accompagnement est un acte qu’on pourrait qualifier de « psychomagique », aux conséquences subtilement profondes. Si un praticien de niveau 2 peut se contenter d’une compréhension factuelle, rationnelle, « professionnelle » du contenu qu’il accompagne, le niveau 3 exige une implication tête/cœur/corps sans protection, pour refléter, non seulement une compréhension intellectuelle, mais une expérience intérieure et énergétique qui nourrisse profondément les personnes accompagnées.

Jusqu’où pourrait aller l’accompagnement à ce niveau ? Tout reste à inventer.

Extrait adapté de « PENSER, DESSINER, REVELER – Toutes les méthodes pour accompagner les idées, les équipes et la vie par le dessin » – Etienne Appert – Editions Eyrolles.

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