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Mettre la magie du dessin au service de nos vies : le quatrième usage du dessin

Mettre la magie du dessin au service de l’essentiel : nos vies. C’est l’intention que j’approfondis depuis 2022 à travers des stages résidentiels, où plus d’une centaine de personnes sont déjà venues vivre un voyage en profondeur sur la rivière de leur trait. On y croise des débutant gribouilleurs autant que des dessinateurs confirmés, ils y sont à égalité. L’approche qui émerge dans ces séjours est trop riche pour la résumer en quelques lignes. Elle me donne la matière pour un nouveau livre en cours d’écriture, et j’y consacrerai prochainement une série de vidéos pédagogiques. Ce premier article ouvre juste le mouvement : je voudrais ici situer cette approche émergente comme un quatrième usage du dessin, venant compléter et enrichir les usages existants : le dessin d’art, le dessin de communication et la pensée visuelle. Vous les connaissez tous les trois, mais avez-vous pleinement conscience de ce qui s’y joue ? Et des perspectives qu’ils laissent encore inexplorées ?

1. Dessiner… pour le dessin : c’est la pratique fondamentale, celle de tous les artistes. Elle ne répond par définition à aucun objectif extérieur. La joconde ne sert à rien, elle ne transmet aucun message. Sa valeur, c’est d’être la Joconde. Elle nourrit ceux qui la contemplent dans la mesure même où elle n’exprime aucun manque, elle se suffit à elle-même. Pratiquer le dessin pour la pure joie du dessin est une nourriture irremplaçable qui nous connecte à l’essentiel : la vie sans raisonnement, sans justification, telle qu’elle émerge sous nos yeux. Vous autorisez-vous parfois à rencontrer ainsi votre trait, pour le pur plaisir de le laisser se déployer tel qu’il est ?

2. Dessiner… pour communiquer. Par un premier pas de côté, le savoir-faire de l’artiste peut se mettre au service d’un contenu, pour favoriser la diffusion d’une idée. Ce second usage n’a pas bonne presse. On l’associe souvent à l’imagerie du créateur corrompu devenu publicitaire. Il y a pourtant une forme de noblesse à mettre son art au service d’autre chose que son oeuvre egocentrée. Tout dépend, au fond, de la valeur du message et de la qualité de sa traduction. Les artisans médiévaux offraient bien leur talent aux messages religieux dans les lieux sacrés, il nous en reste des chefs-d’œuvre. Dans cet usage, le dessinateur ne participe pas à l’élaboration du message, il est seulement chargé de lui donner une forme attractive et facile d’accès. Vous arrive-t-il, quels que soient vos moyens graphiques, d’utiliser le dessin pour communiquer vos idées ?

3. Dessiner… pour mieux penser. C’est le pas de côté décisif proposé par le vaste courant de la pensée visuelle depuis plus de 50 ans. Qu’on évoque les cartes mentales, la facilitation graphique ou le sketchnote, il s’agit toujours de dessiner, non pour communiquer des idées en aval, mais pour mieux les penser en amont. Je fais l’effort de dessiner ce que je pense et, parce que je le dessine, je le pense mieux. Il y a beaucoup à dire sur la grandeur et les limites actuelles des approches de pensée visuelle, j’y reviendrai bientôt. Mais leur principe fondamental reste révolutionnaire, il a permis à d’innombrables gribouilleurs de se réapproprier leur trait avec grand profit ! Êtes-vous familier de ces approches ? Avez-vous déjà essayé de dessiner ce que vous pensez d’un sujet, non pour communiquer, mais pour clarifier vos idées ?

4. Dessiner… pour vivre mieux ! C’est le chantier que je propose aujourd’hui d’ouvrir. Avec cette précision : je n’ai pas renoncé aux trois usages précédents ! J’ai besoin de dessiner pour le plaisir, de l’art pour l’art. J’aime aussi mettre mon trait au service de causes qui me touchent, comme un simple outil de communication. Et je continuerai à accompagner des collectifs ou des auteurs dans leurs réflexions, par des reformulations dessinées qui soutiennent leurs processus. Mais cela ne me suffit pas. Le dessin joue depuis toujours un rôle plus important encore dans mon existence. Enfant, il m’a d’une certaine façon sauvé la vie. Puis il n’a cessé de soutenir chacune de mes métamorphoses avec une plasticité extraordinaire. J’en viens donc à l’envisager comme un « moyen habile », selon la belle expression bouddhiste, pour progresser dans les aspects les plus essentiels d’une vie humaine. Dessiner peut nous aider à approfondir la relation que nous entretenons avec nous-mêmes, les autres et le réel. C’est la recherche à laquelle je me consacre aujourd’hui. Si elle vous intéresse, j’en partagerai bientôt davantage, l’aventure ne fait que commencer !

Pour aller plus loin : Si vous voulez en faire l’expérience, le prochain séjour que j’accompagne aura lieu du 13 au 16 Février 2025, clôture imminente des inscriptions, toutes les infos sont ici.

Cet article comporte 1 commentaire

  1. Merci Étienne pour cette analyse pertinente de ce qui nous (pré)occupe beaucoup !
    Je rajouterais un cinquième usage : le dessin qui fait penser.
    Dans ce cas, le dessin éclaire la pensée de celui qui le reçoit.
    Et quand, en plus, c’est un dessin d’HUMour, il interpelle l’HUMain, il touche directement au cœur.
    ♥️

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