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Le Managemental

Textes et dessins : Etienne Appert
Edité par Lexitis Editions, 2013.
164 pages, cartonné.
Prix 29 €

Présentation par l'éditeur

« Très peu d’auteurs et encore moins d’artistes ont abordé le thème de l’entreprise au quotidien. Etienne Appert, lui, s’y est plongé sans retenue et il nous en rapporte un merveilleux livre tout en finesse, plein de poésie et d’humour, même si parfois son regard peu paraître acide et son trait cruel…

Lire Le Managemental d’Etienne Appert c’est un peu comme aborder la face cachée du management et découvrir l’aspect lunaire et forcément étrange qu’est la vie en entreprise observée par quelqu’un de « normal ». (…)

Un livre vraiment rare, à découvrir sans tarder pour rester soi dans ce monde de dingues ! »

Les planches de ce livre ont été préalablement publiées sur le site www.le-managemental.fr.

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fin du monde
fin du monde
du sens intérieur
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de la pression, encore de la pression
le chiffre roi du managemental
dessiner l'intimité sans masques
le managemental à haut potentiel
le managemental c'est parti

Revue de presse

L’Usine Nouvelle par Anne-Sophie Beillache

Le « Managemental », une BD sur la vie en entreprise qui a du style

Rares sont les bandes dessinées sur la management qui cultive à la fois la justesse des propos, l’humour et la qualité du trait, c’est pourtant le cas de ce « Managemental » écrit et illustré par Etienne Appert. Chacun y retrouvera la caricature de son quotidien, la poésie en plus.
Etienne Appert, l’auteur de « Managemental », ne peut cacher qu’il a usé ses fonds de culotte dans les cabinets de conseil en management avant de se consacrer à plein temps à la bande dessinée. Il en a tiré une vision lucide et décapante, du fonctionnement tant de ces cabinets que des grandes entreprises. Ce n’est pas le premier à s’attaquer à ce monde mais la justesse des propos se marie dans son cas à un dessin très personnel qui renforce le plaisir de la lecture.
Dans le trait d’Etienne Appert, le réalisme se marie avec l’onirisme. Le règne du « chiffre roi » prend vie sous la forme d’un monarque vêtu d’une robe d’hermine aux motifs algébriques aux pieds duquel gisent les tombes des « projets innovants sacrifiés sur l’autel de la rentabilité ». Des bébés consultants courent partout dans les couloirs en costumes-cravates et tétines au bec. Ils ont auparavant révisé leurs leçons avec leur maître. La reformulation où il faut « répéter ce que dit le client », l’effet miroir où il faut « répéter ce que dit le client plus fort », l’effet coup de poing où il faut « répéter au client ce que ses équipes disent de lui. » Du côté des services qualité, la page s’anime au rythme des contorsions de collaborateurs qui tentent de prendre des positions japonisantes et de maîtriser un lexique venu d’ailleurs. Côté réalisme, on  trouve également dans la BD des personnages qui font écho à des personnes réelles.

Comme celui de la publicitaire fofolle dont la coupe de cheveux comme les jupes très courtes ont forcément pour les initiés un petit goût de Mercédès Erra, la célèbre patronne de l’agence de publicité BETC. Les affres des réorganisations sont illustrées aussi de manière particulièrement savoureuse : elles aboutissent à des méta-matrices qui provoquent  comme résultat de ne plus savoir qui est le chef de qui. Une situation aberrante qui était pourtant évoquée cette semaine même par le cadre d’une grande entreprise française à l’auteure de cet article. Le livre est organisé en grands chapitres qui rythment la vie de l’entreprise dans ses questions existentielles : se réinventer, se réorganiser, changer de modèle…
Finalement, à la question « le management est-il une maladie mentale ? », la BD « Le Managemental » répond oui. A la question « peut-on en réchapper ? », l’auteur répond oui aussi, avec une bonne dose d’humour et en cherchant en soi, et chez les autres, l’humain qui survit derrière la machine.

 

Planet BD par Benoit Cassel

Etienne Appert a parfaitement cerné les arcanes et les rouages souvent abscons des grandes entreprises et il se livre à un exercice de traduction graphique pertinent et salutaire.

L’histoire : Des bébés-cadres en costumes-cravates posent d’emblée la question : « c’est quoi, le managemental ? » Un consultant au long cou souple répond : c’est une maladie étrange qui affecte de nombreuses entreprises ou administrations, et qui produit des procédures inutiles, des décisions absurdes, des organisations insensées. Les symptômes sont diffus et pour en cerner les contours, il faut se pencher sur différents aspects. Commençons par la discrimination. Par exemple, refuser un candidat noir ne signifie pas qu’on est raciste, mais que les clients le sont… Ou encore, respecter la parité ne pose aucun problème, à condition de n’embaucher que des femmes ménopausées…Un autre fragment du managemental intéressant à étudier porte sur la réinvention de l’entreprise, lorsque celle-ci se porte mal. En pareil cas, il est demandé aux cadres supérieures de se mobiliser fortement, non pas pour trouver de nouvelles idées, mais pour embaucher des consultants créatifs. Dans ce cadre, tous les modèles sont permis, même les plus fous, pourvu qu’au final ils soient très très très rentables. Toute autre alternative serait donc un cuisant échec…

Ce qu’on en pense sur la planète BD :  Après des années passées en tant que consultant en management dans une grande entreprise, Etienne Appert met son expérience professionnelle, le recul apporté par ses études en philosophie et son habile coup de crayon, au service de cette synthèse cynique, poétique et salutaire d’un monde superbement kafkaien. Cet exercice de style résulte sans doute de plusieurs années de catharsis graphique et porte sur ce qu’il appelle le managemental. Ce néologisme générique condense selon lui tous les maux des grandes « organisations » professionnelles, lorsqu’elles sont phagocytées par leur propre masse, étourdies par leur inaptitude à résoudre l’insoluble, uniquement capables de prendre des décisions absurdes. Mettant en scène une clique de personnages récurrents dotés de formes adaptées à leur condition (le patron est énorme et bossu, le consultant a un long cou, le junior une tétine à la bouche…), Appert ajoute de la poésie dans des paradigmes qui en sont d’ordinaire totalement dépourvus et donne intelligemment formes et vie à l’abstrait. Il aborde la chose par grandes thématiques : les consultants, qui couche avec qui, les discriminations, le marketing, les juniors, les labels qualités… Généralement présentés comme des sciences réservées à de rares initiés, ces domaines sont souvent du gros pipeau bien faisandé. Avec ironie et légèreté, Appert prouve qu’il s’agit surtout d’un art de déléguer, de prioriser les apparences, de refiler des patates chaudes, de fourrer la poussière sous le tapis, de faire ronfler les concepts, de marier l’humain aux contraintes, de tout réduire en synthèses molles, de placer l’éthique en bout de chaîne de décisions… et d’en retirer un maximum de gloriole ou de fric. Ou comment tourner incessamment autour des problèmes sans jamais les résoudre, de tous réfléchir ensemble pour adopter la non-solution fumeuse d’un seul. La plus-value magnifique de ce petit ouvrage au format paysage est de ne jamais être aigre et, au contraire, toujours réjoui. Appert surclasse la simple dénonciation et offre même des pistes de sorties, vraies et simples : ne pas couper les humains d’eux-mêmes, de leur profondeur, et cultiver en soi les bonnes valeurs. Si vous aimez les films de Terry Gillian (et notamment Brazil…), ou la série TV Working girls vous allez être ravis !

 

 

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